Kartigayen (Ansen) Pillay Iyaloo, entrepreneur et consultant: « Une PME sur deux a fermé ou fermera ses portes dans les mois à venir »

Pour beaucoup, le Budget 2023/2024 sera un budget populiste, qui aura uniquement comme mission à gagner le cœur des électeurs. Kartigayen (Ansen) Pillay Iyaloo joue la carte de la franchise et donne son avis par rapport au grand discours et au Budget que présentera le Grand Argentier demain.



Le Budget 2023-2024 est très attendu en raison de l'inflation et d'une économie qui peine à redémarrer. Qu'en pensez-vous ?

Il sera intéressant de voir quelles mesures le gouvernement proposera pour remédier à la tendance négative dans les mois à venir. En vue des prochaines élections, les gens s'attendent à un budget populiste, mais ce n'est pas ce dont le pays a besoin. Le pays a besoin de dynamisme, de mesures qui attirent l'argent extérieur, de bonnes raisons d'acheter local et non d'importer, et de subventions bien calculées pour aider les produits locaux à être moins chers.

Selon vous, quel devrait être l'objectif de ce budget ?

Premièrement, promouvoir les produits locaux. Deuxièmement, fournir des subventions pour renforcer la capacité de la population à subvenir à ses besoins. Troisièmement, revitaliser les secteurs non rentables. Quatrièmement, accorder un moratoire de 9 mois sur le remboursement des prêts aux banques commerciales pour aider les gens à respirer et à économiser de l'argent (si possible). Cinquièmement, revoir la question des maisons NHDC et se demander si ces maisons sont vraiment destinées aux plus pauvres. Sixièmement, revoir le calcul des prix de l'essence, car les prix de l'essence ont causé plus d'inflation que les importations.

Pour en revenir au budget 2022-2023, a-t-il porté ses fruits ?

Non, il est clair que les Mauriciens n'ont pas bénéficié des mesures budgétaires proposées par le ministre des Finances. Le pays a perdu du terrain par rapport à ses voisins africains. Le budget a été fait uniquement pour le plaisir d'avoir un budget, et les développements ont été minimes. Pourquoi le pays ne fonctionne-t-il pas 24/7 ? Pourquoi la plupart de la population n'a-t-elle toujours pas accès à l'eau potable sans avoir à se lever à 4 heures du matin pour remplir des seaux ? Il y a tellement de gaspillage de ressources qu'il n'est pas possible d'en parler.

L'un des secteurs les plus menacés est celui des PME. Pourquoi ?

Parce que personne ne prend le temps de répondre aux besoins réels des PME. Les PME ne sont pas des organisations, comme les entreprises établies et ne peuvent pas accéder aux fonds des banques commerciales ou publiques. Une PME sur deux a fermé ou fermera ses portes dans les mois à venir, car le soutien n'est pas au rendez-vous.

Comment le prochain budget peut-il restaurer la confiance des entrepreneurs mauriciens ?

Pourquoi ne pas créer une industrie pour les PME ? Une industrie avec son propre ministère, sa propre banque, ses propres marchés, son propre ensemble de doctrines juridiques, son propre système de formation, et qui devrait fournir aux PME l'ensemble des solutions personnalisées qu'elles méritent.

Il fut un temps où l'on parlait de faire du secteur des PME l'épine dorsale de notre économie. Est-ce aujourd'hui une utopie ?

En effet, on oublie souvent la principale caractéristique des PME : leur dynamisme. Leur nature est telle qu'elles ont besoin d'un soutien complet. Ce qui fonctionne en théorie échoue souvent dans le cas des PME, et ces dernières doivent être accompagnées pas à pas jusqu'à ce qu'elles soient capables de fonctionner sans aide. Cela restera une illusion, jusqu'à ce que les personnes qui ont créé et développé les PME commencent à prendre des décisions dans l'intérêt des PME et non dans celui des grandes entreprises.

Certains avancent que ce budget sera très social. Quel est votre avis ?

Il s'agira d'un budget populiste, car le message du 1er mai est un message de continuité. Je ne prévois pas de grands changements dans la situation de notre pays et je ne m'attends pas non plus à ce qu'il y en ait. S'il n'y a pas d'attente, il n'y aura pas de déception. L'économie mondiale est très sombre - et je ne vois pas où notre pays va. Nos enfants sont sans gouvernail, nos personnes âgées n'ont que leur pension et leur mort à attendre. La plupart de nos travailleurs liront le budget pour connaître les nouveaux prix de l'alcool et des cigarettes, car ils ont renoncé à construire quelque chose de durable étant donné que les prix ne cessent d'augmenter.

Les pauvres s'appauvriront, la classe moyenne fera un bond en arrière et deviendra pauvre - ou s'enrichira par l'endettement. Les super riches penseront que le pays va bien. En somme, je ne me réjouis de rien.


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