Zaakir Allam : « On est obligé de se réinventer et surtout ne pas avoir peur de tout recommencer. »

Après une riche carrière en France, Zaakir Allam décide de rentrer au pays. Il se lance à corps perdu dans l’entrepreneuriat, avec son entreprise, Ecoating. Le jeune homme évoque son parcours professionnel, s’attarde sur son entreprise et livre ses pensées personnelles sur le besoin de retourner au bercail ou pas.

Zaakir Allam, vous êtes un de ces jeunes mauriciens, qui après avoir exercé à l’étranger, a décidé retourner au bercail. Parlez-nous un peu plus de votre parcours professionnel à l’étranger.

 Déjà, rien à voir  avec ce que je fais aujourd’hui ! De base, je suis spécialisé dans le domaine de la finance notamment l’ingénierie financière (Licence en Economie, Master en Ing Financiere). J’ai entrepris mes études supérieures en France. Par ailleurs, j’ai eu la chance de travailler dans une ambiance dynamique à Paris où j’ai eu la chance d’avoir été exposé à diverses thématiques, soit l’investissement, la chimie dans les secteurs comme la construction, l’aéronautique, l’automobile, entre autres.

Qu’est-ce qui vous a incité à retourner au bercail ?

Facteur personnel et à la fois circonstanciel. Après plusieurs années à l’étranger, la suite logique c’était de rentrer auprès de ma famille afin de poursuivre mon chemin professionnel. Je dois admettre avec la COVID, le processus était chaotique. Je suis retourné plus tôt que prévu. Depuis, j’y suis resté. J’ai ensuite voulu apporter ma contribution à l’économie mauricienne, de manière durable et à long terme. D’où l’idée de marier mes ambitions à Ecoating.

Vous évoluez, aujourd’hui, dans l’entrepreneuriat. Pourquoi ce changement de carrière ?

 J’ai eu un déclic. Guidé et inspiré par mon père qui est lui-même entrepreneur, voire chef d’entreprise depuis longtemps. J’ai grandi dans ce monde de l’entrepreneuriat Bien que cela peut être un choix surprenant, je pense l’entrepreneuriat, c’est la voie qui me convienne le mieux. Du fait du fait qu’on est libre, c’est aussi une possibilité de jouer avec une panoplie d’idées. Par exemple, de mettre en valeur toute sa polyvalence et acquérir le maximum d’expérience dans divers secteurs. Bref, apporter sa pierre à l’édifice.

Êtes-vous de ce nouveau profil du professionnel mauricien, qui ne craint pas de changer de carrière ?

Certainement. On est obligé de se réinventer et surtout ne pas avoir peur de tout recommencer. Si on prend le contexte post-covid, on a traversé une période de transition et de transformation économiqueAvec l’avenue de la digitalisation, il faut bien évidemment prendre du recul, analyser, se retrouver avant de faire face aux défis.

Pourquoi donc l'entrepreneuriat ?

Je reprends cette phrase, ne pas avoir peur de tout recommencer et se réinventer. Je pense que l’entrepreneuriat nous donne cette occasion de faire parler de nos ambitions et passions. 15 ans de cela, si on m’avait posé la même question, la réponse aurait été différente. Je pense que ma riche expérience en France, m’a certainement façonné à être plus perspicace. Je n’ai pas hésité à oser à faire le pas, malgré les risques.

Vous êtes à la tête d’une entreprise, Ecoating. Parlez-nous plus de cette société.

Ecoating or Eco Friendly Construction Solutions Ltd, c’est une société qui touche le secteur de la construction, de l’étanchéité avec un ensemble d’idées innovantes et écologiques. On a deux segments, si je peux résumer, ‘contracting’ et distribution de nos produits. Notre but est de travailler au quotidien pour trouver et développer des solutions optimales afin de résoudre les problèmes auxquels nos compatriotes font face. On a, aujourd’hui, une variété de produits que l’on propose à nos fidèles clients/contracteurs. Et on travaille avec acharnement pour proposer constamment des nouveautés.

Je ne me considère pas être à la tête d’Ecoating. J’ai de la chance d’être accompagné par trois directeurs (Jalill, Khaleel, Altaaf) qui sont également présents au sein de l’entreprise. D’ailleurs, je fus le dernier à rejoindre l’équipe. On est une équipe solide, voir hybride. La PV de chaque membre de l’équipe est essentielle, surtout quand on est une jeune entreprise. L’esprit équipe est prépondérant pour nous.

Comment votre société diffère-t-elle des autres entreprises évoluant dans le même domaine que vous?

 Aujourd’hui, on a des composants clefs dans notre effectif. Des professionnels de la construction avec plein d’expériences collaborent avec nous sur différents projets. Notre devise, c’est de rester innovant tout en demeurant compétitif. Ayant commencé avec des produits de base écologique, on travaille pour trouver les solutions optimales et durables. Des solutions adaptées au climat mauricien.

 En tant que jeune entrepreneur, quelles sont les difficultés auxquelles vous faites face 

Naturellement, les ressources limitées. Cela peut rendre difficile le lancement d’un nouveau projet ou produit et même la croissance de l’entreprise. Mais il faut surtout ne pas succomber à la pression.

Puis, il y a la question de gestion. Être capable de jongler entre les responsabilités de l’équipe et les ‘tasks’ de management, c’est ‘tricky’ mais ‘challenging’. À noter qu’on fait face au stress avec des responsabilités importantes et pressions pour réussir. Et donc, il faut surtout trouver le temps pour souffler, décompresser et pour ma part pratiquer le sport.

 En toute honnêteté, est-ce un parcours de combattant d'être un jeune entrepreneur à Maurice ?

D’une part, l’écosystème entrepreneurial est en développement à Maurice. On voit d’un côté qu’il y a le soutien gouvernemental, notamment par les programmes d’incubation ou des subventions pour favoriser l’entrepreneuriat. D’autre part, les infrastructures et ressources en place peuvent être moins développées par rapport aux d’autres pays qui sont stables sur ce sujet.

Certains secteurs à Maurice peuvent être saturés et connaître une concurrence intense, ce qui peut rendre difficile l'entrée sur le marché et la différenciation de votre entreprise. Il est important de mener une étude de marché approfondie pour identifier des créneaux ou des opportunités où vous pourriez avoir un avantage compétitif.

 Comment le gouvernement pourrait-il apporter plus de soutien aux entrepreneurs ?

 Par la simplification de certaines procédures administratives et essayer de réduire la bureaucratie. Il y a aussi la promotion de l'innovation et de la recherche et du développement, et éduquer la population comment éviter les mauvaises habitudes et promouvoir les nouvelles techniques.

Aussi, en facilitant l’accès aux marches des jeunes start-ups, cela peut induire plus de transfert de technologie et ressources entre le secteur public-privé, dès qu’on arrive à aligner les besoins.

 Selon vous, est-ce important qu'un jeune Mauricien étudiant à l'étranger retourne au pays afin de participer à son développement ?

 La décision pour un jeune Mauricien étudiant à l'étranger de retourner ou non dans son pays pour participer à son développement dépendra de nombreux facteurs personnels et circonstanciels.

 Engagement et un fort attachement envers son pays sont peuvent être des éléments essentiels pour voir son pays progresser. Les jeunes qui ont bénéficié d’une expérience à l’étranger ont des perspectives qui peuvent être précieuses et le retour au bercail peut permettre de faire ce partage et transfert de savoir-faire. Participer dans des projets sociaux, environnementaux, éducatifs ou même économiques dans le but d’améliorer la qualité de vie des Mauriciens.

 Cependant, il est important de noter que chaque individu est unique et que le choix de retourner ou non dans son pays dépendra de ses propres aspirations, des opportunités disponibles, des circonstances personnelles et des priorités individuelles. À mon avis, il n'y a pas de réponse universelle, et chaque jeune choisira une décision en fonction de sa situation spécifique et de ce qui est le mieux pour elle à ce stade de sa vie.


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